Sa`d ibn abi waqqas rapporte
(Abou Dawoud, tirmidhi qui le déclare hasan, ibn majah, ibn
hibban dans son sahih, al-nasa’i et al-hakim, qui le dit sahih
selon le critère de Mouslim) qu’un jour le Prophète (que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) vit une
femme qui avait quelques noyaux de datte et quelques cailloux qu’elle
utilisait comme grains pour glorifier Dieu. Le Prophète lui dit
: " Laisse-moi t’apprendre quelque chose qui sera plus facile
et meilleur pour toi ". Et il lui apprit à dire :
soubhan allahi `adada
ma khalaqa fi as-sama’
(Gloire à Dieu en même quantité que ce qu’Il
a créé au ciel)
soubhan allahi `adada ma khalaqa fi al-’ard
(Gloire à Dieu en même quantité que ce qu’Il
a créé sur la terre)
soubhan allahi `adada ma khalaqa bayna dhalik
(Gloire à Dieu en même quantité que ce qu’Il
a créé entre eux)
soubhan allahi `adada ma huwa khaliq
(Gloire à Dieu en même quantité que ce qu’Il
crée)
Allahou Akbar `adada ma khalaqa fi as-sama’
Allahou Akbar `adada ma khalaqa fi al-’ard
Allahou Akbar `adada ma khalaqa bayna dhalik
Allahou Akbar `adada ma houwa khaliq
al-hamdou lillahi `adada ma khalaqa fi as-sama’
al-hamdou lillahi `adada ma khalaqa fi al-’ard
al-hamdou lillahi `adada ma khalaqa bayna dhalik
al-hamdou lillahi `adada ma huwa khaliq
lâ ilâha illâ llâhu `adada ma khalaqa fi as-sama’
lâ ilâha illâ llâhu `adada ma khalaqa fi al-’ard
lâ ilâha illâ llâhu `adada ma khalaqa bayna
dhalik
lâ ilâha illâ llâhu `adada ma huwa khaliq
la hawla wa la qouwwata illa billahi `adada ma khalaqa fi as-sama’
la hawla wa la qouwwata illa billahi `adada ma khalaqa fi al-’ard
la hawla wa la qouwwata illa billahi `adada ma khalaqa bayna dhalik
la hawla wa la qouwwata illa billahi `adada ma huwa khaliq.
Safiyya bint Houyayy, une des
femmes du Prophète (que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui), a dit (Tirmidhi qui le dit gharib, et
al-hakim et suyuti qui le disent sahih) :
Le Prophète vint
me voir et en face de moi il y avait quatre mille noyaux de datte avec
lesquels je faisais le tasbih (soubhan allah). Il dit :
" Tu fais le tasbih avec autant ! Veux-tu que je t’apprennes
ce qui surpasse ta quantité de tasbih ? " Elle
dit : " Apprends-moi ! " Il lui dit : " Dis
soubhan allah `abada khalqihi ".
Dieu dit à Son Prophète
(que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) dans
Son saint Livre : " Rappelle aux gens, car ce rappel leur est
bénéfique ". Ce rappel aux musulmans revêt
des formes variées, publiques ou cachées. Une des formes
publiques de ce rappel est l’adhan. La masbaha ou sibha
ou tasbih, ou chapelet à grains, a assuré dès
les premiers Compagnons la fonction d’un rappel personnel. C’est pourquoi
ils appelaient le tasbih mudhakir ou mudhakira, le
" rappeleur ", et il existe une tradition qui remonte
au Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) dans laquelle il dit :
ni`ma al-moudhakir al-sibha
(Quel bon rappeleur que le chapelet à grains !)
Shawkani le rapporte, d’après Sayyidina `Ali ibn abi Talib, et le considère comme une preuve de l’utilité
du chapelet à grains, dans nayl al-awtar (2:317), se fondant
sur la narration de daylami dans le mousnad al-firdaws avec sa chaîne
de transmission. suyuti le cite dans sa fatwa sur le chapelet à
grains dans al-hawi li al-fatawi (2:38).
L’affirmation colportée
de nos jours par les " salafis " selon laquelle compter
le dhikr sur des grains est une innovation est à n’en pas
douter fausse. L’usage des grains pour compter le dhikr est parfaitement
établie comme une pratique permise par le Prophète (que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et une
sounna des Compagnons. La preuve en est fournie par un hadith sahih
de sa`d ibn abi waqqas (Abou Dawoud, Tirmidhi, Hakim, nisa’i, ibn Maja,
ibn Hibban, Hakim, dhahabi qui le déclare sahih), qui raconte
que le Prophète (que la paix et la bénédiction de
Dieu soient sur lui) vit un jour une femme utilisant des noyaux de dattes
et des cailloux (nawan wa hasan) et ne lui interdit pas de les
utiliser.
Un autre hadith sahih,
qui va dans le même sens, est relaté par safiyya, qui a vu
le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) compter soubhan allah sur quatre centaines de cailloux.
Ce hadith se trouve dans Tirmidhi, Hakim et Tabarani, et est confirmé
comme sahih par suyuti. On rapporte également, d’après
un affranchi du Prophète (que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui), Abou safiyya, qu’on apportait pour lui un matelas
et un panier fait de feuilles de palmier et plein de cailloux avec lesquels
il faisait le tasbih jusqu’au milieu de la journée. Alors
on enlevait tout, puis on le rapportait après sa prière,
et il faisait le tasbih jusqu’au soir. Ce hadith est raconté
par ibn hajar dans isaba (7:106 #652) avec sa chaîne, qui
dit que Boukhari le cite dans son tarikh), de même que al-baghawi
à travers deux chaînes.
Shawkani cite ce même
hadith et dit dans nayl al-awtar (2:316-317) :
Le Prophète (que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) justifiait
le comptage du dhikr sur les doigts par le fait que les doigts
seraient interrogés et qu’ils parleraient, c’est-à-dire
qu’ils témoigneraient. Il résulte de cela que compter
le tasbih sur les doigts, en raison de cet aspect, est meilleur
qu’utiliser un chapelet à grains ou des cailloux. Mais les deux
autres hadiths (celui de sa`d ibn abi waqqas et celui de safiyya bint
huyayy) montrent qu’il est permis de compter le tasbih avec des
noyaux de dattes ou avec des cailloux, et de même avec un chapelet
à grains. En effet, rien ne les distingue dans les recommandations
du Prophète aux deux femmes, et rien ne marque de désapprobation.
Indiquer ce qui est meilleur ne signifie pas la négation de l’autorisation)
(la yanufi al-jawaz). Il existe des narrations qui vont dans
ce sens.
hilal al-haffar rapporte selon
mou`tamar ibn sulayman et d’après Abou Safiyya, l’affranchi du Prophète
(que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui),
qu’on apportait un matelas et un panier fait de feuilles de palmier et
plein de cailloux avec lesquels il faisait le tasbih jusqu’au milieu
de la journée. Alors on enlevait tout, puis on le rapportait après
sa prière, et il faisait le tasbih jusqu’au soir. L’imam
Ahmad le raconte dans kitab al-zouhd, avec sa chaîne de transmission.
Ahmad raconte également
d’après al-qasim ibn `Abd ar-Rahman que Abou al-darda’ avait un
sac plein de noyaux de dattes et que, où qu’il fasse la prière
de la mi journée, il les sortait l’un après l’autre et faisait
ainsi le tasbih jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus.
ibn sa`d raconte (avec ses
chaînes) dans son tabaqat que sa`d ibn abi waqqas avait coutume
de compter le tasbih avec des cailloux, et que fatima bint al-husayn
ibn `ali ibn abi talib faisait le tasbih avec une corde munie de
noeuds, et que Abou hurayra faisait le tasbih avec un chapelet de
cailloux (al-nawa al-majmu`).
`Abdallah, le fils de l’imam Ahmad, a raconté dans zawa’id al-zouhd que
Abou Hourayra avait une
corde munie de mille noeuds et qu’il ne se serait jamais endormi sans
avoir compté le tasbih sur eux.
al-Daylami raconte dans musnad
al-firdaws à travers Zaynab bint Soulayman ibn `Ali, et selon umm
al-hasan bint ja`far qui le tenait de son père qui le tenait de
son grand-père qui le tenait de `ali, remontant ainsi au Prophète
(que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) :
Quels bons rappeleurs
que les grains à prières !
suyuti rapporte des narrations
avec leurs chaînes sans sa monographie sur le sujet, intitulée
al-minha min al-sibha et qui fait partie du recueil de ses fatwas.
Il dit, vers la fin :
Il n’est relaté
par aucun des salaf ni des khalaf qu’il est interdit de
compter le tasbih sur le sibha (grains à prières).
Au contraire, la plupart l’utilisent pour compter le tasbih sans
considérer cela comme critiquable.
Le savant indien Zakariyya
al-Khandlawi, spécialiste du hadith, raconte lui aussi dans son
livre hayat al-sahaba que Abou Hourayra disait : " Je récite
istighfar (formule de demande de pardon) douze mille fois par jour "
et que, selon son petit-fils, il avait un morceau de corde muni de mille
noeuds et qu’il ne se serait jamais endormi dans avoir dit soubhan allah
sur tous ces noeuds. Selon sa petite-fille par l’imam al-Housayn,
Sayyida Fatima
aussi utilisait une corde avec des noeuds pour compter le dhikr.
Mawlana Zakariyya poursuit
:
Il est bien connu que
de nombreux autres Compagnons du Prophète (que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) utilisaient des grains
dans leurs dévotions personnelles. Ainsi faisaient Sa`d ibn abi
waqqas lui-même, Abou Soufiyya l’esclave du Prophète , Abou
sa`d, Abou darda’ et Fatima (que Dieu soit satisfait d’eux tous). Que
les grains soient ou non rassemblés sur une corde ne fait aucune
différence.
Il est parfaitement établi
que compter le dhikr est une sunna du Prophète (que la paix
et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Il a lui-même
conseillé a ses femmes, à `ali et à fatima de compter
le tasbih (soubhan allah), le tahmid (al-hamdou
lillah) et le takbir (Allahou Akbar) trente-trois fois
chacun avant d’aller se coucher la nuit. ibn `Amr raconte qu’il a vu le
Prophète compter le nombre de fois qu’il disait soubhan allah
sur sa main droite. Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas permis de le
faire sur sa main gauche, car le Prophète a seulement dit : " Comptez
(le dhikr) sur vos doigts ".
L’imam suyuti raconte dans
l’une de ses fatwas intitulée al-minha fi al-sibha (le bénéfice
que procure l’usage des grains pour le dhikr) l’histoire de `ikrima,
qui interrogeait son maître `umar al-maliki au sujet des grains
pour le dhikr. `umar lui répondit qu’il avait lui-même
interrogé son maître Hassan al-Basri sur ce sujet et qu’il
lui avait été répondu :
Quelque chose que nous
avons utilisé depuis le début de la route, nous n’avons
pas envie de l’abandonner en arrivant au bout de cette route. J’aime
me rappeler Dieu avec mon coeur, ma main et ma langue.
Souyouti commente :
Et comment pourrait-il
en être autrement, alors que les grains sont pour quelqu’un un
rappel de Dieu le Très Haut, et qu’une personne ne voit de grains
que pour se rappeler Dieu, ce qui constitue l’un de ses plus grands
bienfaits ?
Quant aux affirmations de
Albani contre l’usage des grains, son rejet du hadith ni`ma al-moudhakir
al-sibha (voir sa silsila da`ifa #83) et à sa surprenante
prétention à affirmer que quiconque tient des grains à
la main pour le rappel de Dieu est mal guidé et innovateur, nous
renvoyons le lecteur à leur réfutation dans le wusul
al-tahani bi ithbat sounniyyat al-sibha wa al-radd `ala al-albani de
Mahmoud Sa`id (L’éclaircissement du bénéfice mutuel
et la confirmation que les grains pour le dhikr sont une sounna,
et la réfutation de Albani).
Et quant à l’idée
que les grains pour la prière viennent du bouddhisme ou du christianisme,
c’est l’une des contributions à l’orientalisme faites par le savant
juif hongrois Ignaz Goldziher (m. 1897).
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