Le
hadith qudsi déjà mentionné - " Ceux qui
se souviennent de Moi dans une assemblée ... " - fait
du dhikr collectif, à voix haute, la porte d’accès pour
que se réalise la promesse de Dieu :
Souvenez-vous
de Moi et Je Me souviendrai de vous.
Il
n’est pas étonnant que de telles assemblées reçoivent
de Dieu et de Son Prophète (que la paix et les bénédictions
de Dieu soient sur lui) les plus hautes louanges et bénédictions,
comme en témoignent de nombreux et excellents hadiths authentiques.
Selon
bukhari et muslim, le Prophète (que la paix et les bénédictions
de Dieu soient sur lui) a dit que Dieu demande à Ses anges de parcourir
les routes pour trouver les gens du dhikr, c’est-à-dire ceux qui
disent lâ ilâha illâ llâh et des expressions semblables,
et quand ils ont trouvé un groupe de gens (qawm) qui disent le
dhikr, ils s’appellent les uns les autres et ils les enveloppent dans
des niveaux successifs jusqu’au premier ciel, qui est situé dans
la connaissance de Dieu. Cela signifie qu’un nombre illimité d’anges
se tient au dessus du groupe. Il n’est pas dit : " quand ils
ont trouvé une personne ... ", ce qui prouve qu’être
un groupe à pratiquer le dhikr est un plus pour obtenir cette récompense
particulière.
Dieu
demande à Ses anges (en fait, Il sait déjà, mais
c’est pour nous rendre tout cela compréhensible) : " Que
disent Mes serviteurs ? " Il ne dit pas " serviteur "
mais `ibadi, " serviteurs ", au pluriel. Les anges
disent : " Ils Te louent (tasbih), magnifient Ton nom (takbir)
et Te glorifient (tahmid), Te donnant les meilleurs attributs (tamjid) ".
Cela peut-il être considéré comme une leçon,
ou une étude faite en groupe ? Peut-on dire que cela est silencieux
? N’est-ce pas plutôt dire " alhamdu lillah "
ou d’autres formules semblables ?
Dieu
dit : " M’ont-ils vu ? " Les anges répondent
: " O notre Seigneur, ils ne T’ont pas vu ! " Il dit
: " Ils Me louent alors qu’ils ne M’ont pas vu. Que serait-ce
s’ils M’avaient vu ? " Les anges répondent : " O
notre Seigneur, s’ils T’avaient vu, ils feraient de plus en plus d’actes
d’adoration, ils feraient de plus en plus de tasbih, de plus en plus de
takbir, de plus en plus de tamjid ! "
Dieu
dit : " Que demandent-ils ? " Les anges dirent : " Ils
demandent Ton Paradis ! " Il dit : " Ont-ils vu le
Paradis ? " Ils répondirent : " O notre Seigneur,
ils ne l’ont pas vu ! " Il dit : " Comment seraient-ils
s’ils l’avaient vu ? " Ils répondirent : " Ils
seraient encore plus attachés à lui et attirés par
lui ! "
Dieu
dit : " Que craignent-ils et de quoi se détournent-ils
? " (Quand nous disons ya ghaffar - O Toi qui pardonnes - ou
ya sattar - O Toi qui tais - cela veut dire que nous Le craignons à
cause de nos péchés, que nous Lui demandons de cacher nos
péchés et de nous pardonner) Les anges dirent : " Ils
craignent le feu de l’enfer et ils s’en détournent ! "
Il dit : " Ont-ils vu le feu de l’enfer ? " Ils répondirent
: " O notre Seigneur, ils n’ont pas vu le feu de l’enfer ! "
Il dit : " Comment seraient-ils s’ils avaient vu le feu de l’enfer
? " Ils dirent : " S’ils avaient vu le feu de l’enfer,
ils s’éloigneraient de lui de plus en plus, et ils en auraient
encore plus peur ! "
Écoutez
attentivement ce qui suit. Dieu dit : " Je vous prends à
témoin (Dieu a-t-Il besoin de témoins ? Il n’en a pas besoin
car Il a dit : " Dieu se suffit comme témoin ".
Pourquoi faire des anges des témoins ? Dieu change-t-Il d’avis
? " Je vous prends à témoin " veut dire
ici " Je vous assure ") que Je leur ai pardonné "
(Et pourquoi Dieu leur a-t-Il pardonné ? Parce que, comme le précise
le début du hadith, il s’agit d’un groupe de gens qui, ensemble,
récitent les noms de Dieu et se souviennent de Lui par Son dhikr).
Un des anges dit : " O mon Seigneur, parmi eux se trouvait quelqu’un
qui n’appartient pas à leur groupe, mais qui se trouvait là
pour une raison quelconque " (cette personne se trouvait là
pour une autre raison, par exemple pour demander quelque chose à
quelqu’un). Dieu dit : " Ils forment un groupe tel que quiconque
s’assied avec eu - peu importe pour quelle raison - verra aussi ses péchés
pardonnés ".
Dans
son livre miftah al-janna (traduit par mostafa badawi, Key to the garden,
Quilliam Press, p. 107-108), l’imam ahmad mashkur al-haddad dit :
Ce
hadith précise les mérites qui résident dans l’assemblée
du dhikr, pour chacun de ceux qui sont présents et qui pratiquent
le dhikr à voix haute et à l’unisson. Les expressions
comme " ils T’invoquent " (au pluriel), et " ils
sont les gens qui s’assoient " font référence
à ceux qui se rassemblent pour se souvenir et le font à
l’unisson, ce qui ne peut se faire qu’à voix haute. Celui dont
le dhikr est silencieux n’a nul besoin de participer à une réunion
en compagnie d’autres frères.
Cela
est développé dans le hadith qudsi suivant. Dieu dit (Bukhari
et Muslim) :
Je
suis pour Mon serviteur ce qu’il attend que Je sois. Je suis avec lui
quand il se souvient de Moi. S’il se souvient de Moi dans son coeur,
Je Me souviens de lui, et s’il se souvient de Moi dans une assemblée,
Je le mentionne dans une assemblée encore meilleure ... "
Le dhikr silencieux est distingué
du dhikr à voix haute par les mots " il se souvient de
Moi dans son coeur " qui signifient " en silence ",
alors que les mots " dans une assemblée " signifient
" à voix haute ".
Le dhikr pratiqué dans
une assemblée ne peut l’être qu’à voix haute et à
l’unisson. Le hadith qui vient d’être cité est une preuve
que le dhikr à voix haute dans une assemblée est une forme
exaltée du dhikr qui est mentionnée dans une Assemblée
Sublime (al-mala’ al-a`ala) par notre Seigneur majestueux et par les anges
qui sont près de Lui,
non plus qu’ils ne se
lassent de Le glorifier nuit et jour sans contestation. (21:20)
Le parallèle est évident
entre ceux qui pratiquent le dhikr dans le monde transcendant,
qui ont été créés dotés d’une nature
obéissante et qui se souviennent, c’est-à-dire les anges,
et ceux qui pratiquent le dhikr dans le monde de la densité,
dont la nature est sujette à la lassitude et à la distraction,
c’est-à-dire les êtres humains. La récompense que
ces derniers reçoivent pour leur dhikr consiste à
être élevés à un rang similaire à celui
des membres de l’Assemblée Sublime : c’est un honneur et une faveur
qui leur conviennent.
Dieu a répandu une
distinction particulière sur ceux qui se souviennent de Lui. Le
Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu soient
sur lui) a dit (muslim) :
Ceux dont le coeur n’est
concerné que par une seule chose (al-mufarridun) sont au dessus
de tout. On lui demanda : " Qui sont ces gens dont le coeur
n’est concerné que par une seule chose, ô Prophète
de Dieu ? " Il répondit : " Les hommes et
les femmes qui se souviennent de Dieu en permanence ".
La
montagne a été placée au même niveau que les
gens car la montagne elle aussi pratique le dhikr. ibn qayyim al-jawziyya,
dans madarij al-salikin, explique que le terme mufarridun a deux significations.
Ou bien il s’agit des muwahidun, c’est-à-dire ceux qui, engagés
dans le tawhid, proclament l’unicité de Dieu en groupe (le faire
seul n’est pas obligatoire), ou bien il s’agit de ceux qu’il appelle ahad
furada, qui sont les mêmes quand ils sont assis seuls, dans l’isolement.
De l’explication d’ibn qayyim al-jawziyya, il résulte que s’asseoir
pour le dhikr peut se faire soit en groupe soit seul. Dans une autre explication
du mot mufarridun, citée par ibn qayyim, le sens est " ceux
qui tremblent quand ils récitent le dhikr de Dieu, plongés
en lui en permanence, ne se souciant pas de ce que disent et font les
gens à ce sujet ". En effet, le Prophète (que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit
: " udhkur allaha hatta zaqulu majnun ", c’est-à-dire
" Souviens-toi de Dieu autant que tu le veux, jusqu’à
ce que les gens disent que tu es fou ou idiot " (cité
par ahmad dans son misnad, ibn hibban dans son sahih et al-hakim qui le
déclare sahih), ce qui veut dire : " Ne t’occupe pas
d’eux ! "
Les
mufarridun sont les gens vraiment vivants. abu musa rapporte :
Ceux
qui se rappellent Dieu sont par rapport à ceux qui ne se Le rappellent
pas comme les vivants par rapport aux morts.
ibn
`umar a rapporté que le Prophète (que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui) a dit : " Quand vous passez à
côté des jardins du Paradis, profitez-en ! " Les
Compagnons demandèrent : " Que sont les jardins du Paradis,
ô Messager de Dieu ? " Il répondit : " Les
assemblées de dhikr. Les anges de Dieu se promènent en cherchant
ces assemblées de dhikr, et quand ils les trouvent ils se tiennent
juste au dessus d’eux ". Ce hadith est rapporté par tirmidhi
(hasan gharib) et par ahmad.
abu
sa`id al-khudri et abu hurayra racontent que le Prophète (que la
paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui a dit (rapporté
par muslim, tirmidhi, ahmad, ibn majah et bayhaqi) :
Chaque
fois qu’un groupe d’hommes se souvient de Dieu, les anges sont au dessus
d’eux et la miséricorde les recouvre, le calme descend sur eux,
et Dieu les mentionne à ceux qui sont auprès de Lui.
muslim,
ahmad et tirmidhi racontent, d’après mu`awwiyya :
Le
Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) se rendit dans une assemblée de Ses Compagnons
et demanda : " Que faites-vous, assis ici ? " Ils
dirent : " Nous sommes assis ici pour nous rappeler Dieu (nadhkurullaha)
et pour Le glorifier (wa nahmaduhu) car Il nous a guidés sur
le chemin de l’islam et Il nous a couverts de faveurs ". Il
les adjura par Dieu de confirmer que c’était bien l’unique raison
de leur rassemblement. Ils dirent : " Par Dieu, tel est bien
l’unique cause de notre rassemblement ". Alors le Prophète
(que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
dit : " Je ne vous demande de faire ce serment à cause
d’une méprise à votre encontre, mais seulement parce que
Gabriel est venu m’informer que Dieu l’Exalté, le Glorieux, a
informé Ses anges qu’Il est fier de vous ! " Il faut
noter que le hadith dit " jalasna ", " nous
sommes assis ", au pluriel et non au singulier. Il fait donc
référence à un groupe de gens, non à une
personne seule.
shar
ibn hawshab raconte qu’un jour abu al-darda’ entra dans la mosquée
de bayt al-maqdis, à Jérusalem, et il vit des gens rassemblés
autour de leur maître (mudhakhir) qui conduisait leur dhikr, et
ils avaient des voix fortes, ils pleuraient et ils faisaient des invocations.
abu al-darda’ leur dit :
Que
les vies de mon père et de ma mère soient sacrifiées
pour ceux qui gémissent sur leur état avant même
le Jour des gémissements !
O
ibn hawshab, faisons vite et installons-nous avec ces gens. J’ai entendu
le Prophète (que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) dire : " Quand vous voyez les pâturages
du Paradis, allez y paître ". Alors nous dîmes
: " ô Messager, que sont les pâturages du Paradis
? " Il dit : " Ce sont les assemblées du
dhikr, par Celui qui tient mon âme entre Ses mains. Personne ne
se rassemble pour le rappel de Dieu le Tout Puissant sans que les anges
les survolent de près, que la miséricorde les recouvre
et que Dieu les mentionne dans Sa présence. Et quand ils se lèvent
pur se séparer, un héraut les interpellent, disant : soyez
pardonnés, vos mauvaises actions ont été changées
en bonnes actions ! "
Alors
abu al-darda’ s’avança vers eux et s’assit avec empressement au
milieu d’eux. Le hafiz ibn al-jawzi rapporte ce hadith, avec sa chaîne
de transmission, dans un chapitre intitulé " De ceux
de l’élite qui ont l’habitude de se rassembler autour de ceux qui
disent les histoires " dans son livre al-qussas wa al-mudhakkirin
(Ceux qui racontent et ceux qui guident) édité par muhammad
basyuni zaghful, Beyrouth, dar al-kutub al-`ilmiyya, 1406/1986, p. 31.
Ce
qui vient d’être dit prouve bien que sont permis le dhikr à
voix haute et le dhikr collectif, et qu’est admise la conception du dhikr
comme contenant un avertissement et le récit d’histoires qui profitent
à l’âme. Et Dieu sait mieux !
:: ::