Le mot dhikr a de nombreux
sens :
1. Le Livre de Dieu et
sa récitation
2. La prière
3. Apprendre et enseigner.
L’auteur du fiqh al-sunna a dit :
Selon sa`id ibn jubayr,
quiconque se consacre
à obéir à Dieu se consacre en réalité
au rappel de Dieu.
Certains savants des premiers
temps de l’islam rattachent le dhikr à des situations
particulières. Ainsi `ata dit :
Les rassemblements de
dhikr sont les rassemblements où sont discutées
les choses licites ou illicites, par exemple la vente, l’achat, la prière,
le mariage, le divorce et le pèlerinage.
qurtubi a dit :
Les rassemblements de
dhikr sont les rassemblements pour la connaissance et l’avertissement,
ceux où sont appris et mis en pratique la Parole de Dieu et la
sunna de Son Messager (que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui), les récits de nos prédécesseurs
justes, et les dits des savants justes, sans addition ni innovation,
et sans que cela ne provoque ensuite de volonté d’agir ou d’avidité.
4. L’invocation de Dieu
avec la langue, fondée sur une des formules enseignée
par le Prophète (que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui), ou toute autre formule.
5. Le rappel de Dieu
dans le coeur, ou à la fois par la langue et dans le coeur.
Ce qui nous intéresse
ici, ce sont les deux derniers sens, et d’abord celui qui concerne la
mention de Dieu, comme dans le verset suivant :
Les croyants, ce sont
ceux dont, quand ils entendent mentionner le Nom de Dieu, les coeurs
tremblent (al-anfal).
et dans la parole du Prophète
(que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) :
Le meilleur dhikr,
c’est lâ ilâha illâ llâh.
Le Prophète (que la
paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) n’a pas dit
que le meilleur dhikr, c’était de donner une leçon,
ou de prodiguer des conseils, ou de lever des fonds ".
Ce qui nous intéresse,
c’est aussi le sens de rappel par le coeur, tel qu’il est évoqué
par le verset suivant :
les hommes et les femmes
... (qui) pratiquent assidûment le Rappel (33:35)
Le Prophète (que la
paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) approuvait
et en même temps expliquait le contenu de ce verset lorsqu’il disait,
ainsi que le rapporte muslim : " Ceux qui ont un coeur simple
sont au premier rang ". Et comme on lui demandait : " O
Messager de Dieu, qui sont les gens au coeur simple ? ", il
répondit : " Les hommes et les femmes qui se souviennent
de Dieu en abondance ". Le Prophète (que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) complétait cette
explication du rôle du coeur dans un tel rappel en disant à
abu hurayra (rapporté par muslim) :
Chausse mes deux sandales
et si tu rencontres quelqu’un qui témoigne qu’il n’y a de dieu
que Dieu avec la certitude au fond du coeur, alors annonce-lui
la bonne nouvelle qu’il entrera au Paradis.
Le dhikr fait parfois
référence à la fois au rappel intériorisé
et à la mention extériorisée, comme dans le verset
suivant :
Aussi, souvenez-vous de
Moi, et Je me souviendrai de vous. Manifestez-Moi de la gratitude, et
non du déni. (2:152)
qu’il faut lire à la
lumière du hadith qudsi :
Ceux qui se souviennent
de Moi dans leur coeur, Je Me souviens d’eux dans Mon coeur ; et ceux
qui se souviennent de Moi dans des rassemblements, Je Me souviens d’eux
dans des rassemblements meilleurs que les leurs.
Nous reviendrons plus loin
sur l’explication de cet important hadith. Qu’il nous suffise de dire
ici que d’une façon générale, il y a trois types
de dhikr : celui du coeur, celui de la langue, et celui des deux
ensemble.
ibn hajar, dans fath al-bari
(1989 ed. 11:251), explique que ce que abu al-darda veut dire par dhikr
dans son récit de la suprématie du dhikr sur le jihad
est le dhikr dans sa totalité et la conscience de la grandeur
de Dieu par lesquels on devient meilleur, par exemple que ceux qui combattent
les infidèles sans s’être recueillis ainsi.
Dans un autre hadith que rapporte
bukhari, le Prophète (que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui) compare la position de ceux qui font le dhikr
par rapport à ceux qui ne le font pas à celle des vivants
parmi les morts :
mathalu al-ladhi yadhkuru
rabbahu wa al-ladhi la yadhkuru rabbahu mathalu al-hayyi wa al-mayyit
(Livre des da`awat, ch.66 : " Le mérite du dhikr
de Dieu ")
ibn hajar fait le commentaire
suivant dans son fath al-bari (11:250) :
Ce qu’on appelle dhikr
ici, c’est la récitation d’expressions qu’il nous a été
conseillé de dire, et à dire en abondance (comme de persister
dans les bonnes actions), telles que : subhan allah, al-hamdu lillah,
lâ ilâha illâ llâh, allahu akbar et celles
qui s’y rattachent telles que la hawqala (la hawla wa la
quwwata illa billahi), la basmala (bismillahi r-rahmani
r-rahim), la hasbala (hasbunallahu wa ni`ma al-wakil),
istighfar, etc. , de même que des invocations pour le bien
dans ce monde et dans l’autre.
Le terme " dhikr
de Dieu " veut aussi dire faire diligence dans les actes louables
ou obligatoires tels que la récitation du Coran, la lecture des
hadiths, l’étude de la science de l’islam (al-`ilm) et les
prières surérogatoires.
Le dhikr peut se pratiquer
avec la langue, et celui qui le pratique en reçoit la récompense,
sans qu’il ait besoin d’en comprendre ou de s’en rappeler la signification,
et à condition qu’il n’y mette, quand il le prononce, rien d’autre
que sa signification. Et si, en plus de le prononcer, il pratique le dhikr
du coeur, alors le dhikr est plus complet. Et si, en plus de cela,
il y a remémoration de la signification du dhikr et de ce
qu’il englobe, par exemple magnifier Dieu et L’exalter au dessus des défauts
et des besoins, le dhikr est encore plus complet. Et si tout cela
se fait à l’intérieur d’une bonne action, que ce soit la
prière, le jihad ou une autre, le dhikr est encore
plus complet. Et si on se tourne parfaitement vers Dieu, et si on purifie
sa sincérité à l’égard de Dieu, alors c’est
la perfection la plus achevée.
fakhr al-din al-razi a dit
:
Ce qu’on entend par dhikr
de la langue, c’est ce qui s’exprime par le tasbih,
le tahmid et le tamjid - exaltation, louange et glorification.
Quant au dhikr du coeur, il consiste à réfléchir
(1) aux textes porteurs de preuves qui concernent l’Essence de Dieu
et Ses attributs, (2) à celles des obligations portant sur ce
qui est imposé et ce qui est interdit afin de passer en revue
les règles qui s’y rapportent et (3) aux secrets de la création
de Dieu. Le dhikr des membres consiste à
être plongé dans l’obéissance, et c’est pourquoi
Dieu appelle la prière un dhikr lorsqu’Il dit :
Vous qui croyez, quand
on vous appelle à la prière à un moment d’un vendredi,
empressez-vous au Rappel de Dieu. (62:9)
Parmi ceux qui connaissent
Dieu, certains disent que le dhikr comporte sept aspects :
- le dhikr des
yeux, où l’on pleure (buka’)
- le dhikr des
oreilles, où l’on écoute (isgha’)
- le dhikr de la
langue, où l’on prononce la louange (thana’)
- le dhikr des
mains, où l’on donne (`ata’)
- le dhikr du corps,
où l’on est loyal (wafa’)
- le dhikr du coeur,
où l’on ressent peur et espoir (kawf wa raja’)
- le dhikr de l’esprit,
où l’on montre de la soumission et de l’acceptation (taslim
wa rida’).
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